Accords corrompus t4 Rêves de liberté by Kelly St. Clare

Auteur:Kelly St. Clare [Clare, Kelly St.]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Chapitre Vingt-Deux

Ma première pensée, quand je me démène pour me réveiller, c’est que le Massacreur a pendu une autre prostituée devant la caserne d’Alzona.

C’est à cause des cris.

Ma deuxième pensée désorientée revient à Crystal tranchant la tête du Massacreur avec une épée.

C’est à ce moment-là que je comprends que les cris viennent d’autre part. Je me réveille et me jette vers mes possessions la seconde qui suit. Olandon n’est pas dans la tente. Mais il était de garde.

On écarte le rabat de ma tente et je libère ma dague, me détendant en voyant Péché.

— Le feu.

C’est tout ce qu’il dit avant de disparaître.

Ma bouche forme un « non » inaudible. Ici, le feu ne signifie qu’une chose. J’attrape mes armes et la flèche de Kedrick, la glissant dans ma botte. Abandonnant la tente, je traverse l’anarchie du campement à la recherche d’une personne. Les Bruma se bousculent en une semi-ruée, roulant frénétiquement leurs tentes. Certains trébuchent pour sortir de la leur, à moitié endormis, pour vérifier d’où proviennent les cris. Je cours vers la Troisième Rotation. Mais le spectacle qui s’étend devant moi pousse mes pieds à ralentir avant même d’atteindre les abords du campement.

Les flammes s’élèvent haut dans les airs. Toutes les nuances, de l’orange flamboyant au rouge fondant, strient le ciel. La fumée se déverse dans la couche déjà épaisse au-dessus de nous. L’air en est chargé. Si nous ne bougeons pas, c’est ce qui nous tuera.

Je repère mon frère en train de hurler à l’attention des Bruma :

— Laissez tout ! leur crie-t-il.

Et il a raison. Je me jette dans la mêlée. Jovan regarde aussi le feu. Que font-ils ? Pourquoi ne bougent-ils pas ? Parce qu’ils n’ont jamais vu un feu de forêt.

— Jovan ! hurlé-je. Jovan !

Il se tourne vers moi. La fumée lui recouvre le visage.

— Nous devons partir. Maintenant !

— Nos provisions. Nous en avons besoin pour les assiéger.

Je tape presque du pied.

— Tu as surtout besoin de soldats en vie. As-tu la moindre idée de la vitesse à laquelle le feu va nous atteindre ? Il est peut-être déjà trop tard !

Il tourne vivement la tête vers le brasier grandissant.

Il fait signe à ses hommes d’un hochement de tête. Il ne croit peut-être pas que le feu fera ce que je dis, mais il me fait confiance.

— Nous devons tout laisser. Nous devons battre en retraite vers la Première. Nous ne pouvons pas être rattrapés au pont, ou nous n’aurons pas assez de temps pour traverser.

Le visage de Jovan devient sombre. Il crie à l’attention de Malir et Rhone.

— Faites passer l’ordre : qu’on ne prenne que les armes et les boucliers !

J’observe le message se propager. Mais pas assez vite. Ils marchent alors qu’ils devraient courir comme s’ils avaient l’enfer aux trousses.

Jovan et moi nous précipitons à travers le campement, relevant les hommes et les poussant vers la Première. Je crie aux Bruma de courir jusqu’à voir enfin la panique se répandre. La panique est une bonne chose, dans ces cas-là.

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